La frottée à l’ail :
Quand j’était enfant je raffolais des frottées à l’ail :
Dans un assiette on émondait l’ail finement en le grattant patiemment à la pointe d’une fourchette, on y ajoutait de l’huile d’olive et du sel, et on frottait une croûte de pain bien croustillante sur ce mélange…
Ma mère avait une amie très aimée (ma sœur et moi ,nous l’appelions La Chère Amie !) Elle était sa collègue, mais avait épousé le président du tribunal et avait donc été amenée à fréquenter la (petite) bourgeoisie de notre (petite)ville. Je ne sais si de cette fréquentation lui venait une espèce de distinction et de raffinement,par ailleurs sans ostentation , ou si c’était une disposition naturelle qu’avait accrue en lui conférant une sorte de fragilité une grave maladie de cœur…Elles se rendaient visite ma mère et elle, elles avaient « leur jour », ce qui nous faisait rigoler , avec peut-être un petit soupçon de jalousie de ce rapport dont nous étions en partie exclues …
Un chaud après midi, je me fis ma fameuse « frottée » sur les quatre heures sans songer que c’était le jour de la chère amie !
Quand on sonna, je me précipitai étourdiment pour ouvrir et m’arrêtai interdite…
La chère amie toute de blanc vêtue, souriante et chaleureuse comme à l’accoutumée, me prit aux épaules pour deux gros baisers affectueux.
J’étais suffoquée d’embarras… et elle par mon haleine.
Elle me regarda, renifla et éclata d’un rire généreux et communicatif puis s’écria avec une nette résurgence d’accent de son pays du Lot :
« La frottée ! la frottée à l’ail ! Dieu que c’était bon, quand je pouvais en manger… »
Quand j’était enfant je raffolais des frottées à l’ail :
Dans un assiette on émondait l’ail finement en le grattant patiemment à la pointe d’une fourchette, on y ajoutait de l’huile d’olive et du sel, et on frottait une croûte de pain bien croustillante sur ce mélange…
Ma mère avait une amie très aimée (ma sœur et moi ,nous l’appelions La Chère Amie !) Elle était sa collègue, mais avait épousé le président du tribunal et avait donc été amenée à fréquenter la (petite) bourgeoisie de notre (petite)ville. Je ne sais si de cette fréquentation lui venait une espèce de distinction et de raffinement,par ailleurs sans ostentation , ou si c’était une disposition naturelle qu’avait accrue en lui conférant une sorte de fragilité une grave maladie de cœur…Elles se rendaient visite ma mère et elle, elles avaient « leur jour », ce qui nous faisait rigoler , avec peut-être un petit soupçon de jalousie de ce rapport dont nous étions en partie exclues …
Un chaud après midi, je me fis ma fameuse « frottée » sur les quatre heures sans songer que c’était le jour de la chère amie !
Quand on sonna, je me précipitai étourdiment pour ouvrir et m’arrêtai interdite…
La chère amie toute de blanc vêtue, souriante et chaleureuse comme à l’accoutumée, me prit aux épaules pour deux gros baisers affectueux.
J’étais suffoquée d’embarras… et elle par mon haleine.
Elle me regarda, renifla et éclata d’un rire généreux et communicatif puis s’écria avec une nette résurgence d’accent de son pays du Lot :
« La frottée ! la frottée à l’ail ! Dieu que c’était bon, quand je pouvais en manger… »