lundi 4 janvier 2010

L' ail rose et blanc


La frottée à l’ail :
Quand j’était enfant je raffolais des frottées à l’ail :
Dans un assiette on émondait l’ail finement en le grattant patiemment à la pointe d’une fourchette, on y ajoutait de l’huile d’olive et du sel, et on frottait une croûte de pain bien croustillante sur ce mélange…

Ma mère avait une amie très aimée (ma sœur et moi ,nous l’appelions La Chère Amie !) Elle était sa collègue, mais avait épousé le président du tribunal et avait donc été amenée à fréquenter la (petite) bourgeoisie de notre (petite)ville. Je ne sais si de cette fréquentation lui venait une espèce de distinction et de raffinement,par ailleurs sans ostentation , ou si c’était une disposition naturelle qu’avait accrue en lui conférant une sorte de fragilité une grave maladie de cœur…Elles se rendaient visite ma mère et elle, elles avaient « leur jour », ce qui nous faisait rigoler , avec peut-être un petit soupçon de jalousie de ce rapport dont nous étions en partie exclues …
Un chaud après midi, je me fis ma fameuse « frottée » sur les quatre heures sans songer que c’était le jour de la chère amie !
Quand on sonna, je me précipitai étourdiment pour ouvrir et m’arrêtai interdite…
La chère amie toute de blanc vêtue, souriante et chaleureuse comme à l’accoutumée, me prit aux épaules pour deux gros baisers affectueux.
J’étais suffoquée d’embarras… et elle par mon haleine.
Elle me regarda, renifla et éclata d’un rire généreux et communicatif puis s’écria avec une nette résurgence d’accent de son pays du Lot :
« La frottée ! la frottée à l’ail ! Dieu que c’était bon, quand je pouvais en manger… »

samedi 12 décembre 2009

Arbres

Arbres
(Ma petite collection …)
Variation sur les arbres
de
François Dilasser
Au musée des Beaux Arts, à Bordeaux, 6 décembre 2009

Un fragment du poème de Charmes de Paul Valéry, dédié « Au Platane » :
Tu penches, grand Platane, et te proposes nu,
Blanc comme un jeune Scythe,
Mais ta candeur est prise et ton pied retenu
Par la force du site.

Ombre retentissante en qui le même azur
Qui t’emporte, s’apaise,
La noire mère astreint ce pied natal et pur
A qui la fange pèse…


Des chênes, plaine de Soumoulou, décembre 2009


L’ hiver leur a rendu la pureté de leur structure verticale ,
Qu’estompera la survenue des feuilles au Printemps
Et qu’occultera la haute profusion du feuillage d'Eté

dimanche 29 novembre 2009

Chats


Ils ne sont pas à nous
Ils hantent notre jardin, en savent les bons coins : le fauteuil, le pot de fleurs que le soleil a chauffés, une pièce de linge étendue à sécher…
Ils ne sont pas très beaux
Ils ne sont pas familiers...
Ni expressifs : leurs yeux nous suivent vaguement sans exprimer amitié ou inimitié, sans un clignement de connivence, ou le moindre signe de reconnaissance


Je me plais à imaginer qu’ils sont de petits dieux tutélaires qui veillent sur notre maison...



L’artichaut

L’artichaut ou la mauvaise réputation

Qui prétend qu’un cœur d’artichaut se donne étourdiment et inconsidérément, feuille après feuille, à l’un, à l’autre, à tout un chacun…

Le cœur d’artichaut est par la grâce de la nature,farouche et bien défendu, et exige pour sa conquête des efforts dignes de la carte du tendre…

Ouvrir les feuilles pour exhaler le trop de chaleur et se régaler sereinement du grignotage de leur partie brillante et charnue…

Ce faisant noter bien qu’on ne touche pas au cœur lequel reste bien abrité dans les dernières feuilles un peu pointues et piquantes comme pour mieux le défendre
Il faut en faire sauter délicatement le petit chapiteau.
Oter à la main en l’arrachant doucement le foin...

Le cœur est là, chaud mais pas trop, tendre et ferme s’il est cuit à point, un délice bien mérité…






dimanche 22 novembre 2009

CHOU













Chez moi on l’appelait chou frisé, au super marché on l’affiche chou vert


Chaque feuille qu’on détache produit un bruit musical et craquant de cassure.
Chaque feuille offre un fin réseau de nervures délicates .
On dirait la méninge étrange d’un écorché végétal.
Une à une les feuilles déclinent un dégradé de couleurs, vert foncé , vert clair, blanc nacré, blanc de blanc…











Il est temps de reconstruire l’emboîtement des plus belles en un nid, le plus rond possible, où nichera la farce,-chair à saucisse, jambon, mie de pain trempée au lait, jaune d’œuf-, qui cuira doucement dans son cœur de feuilles…

Chou vert, chou frisé ...chou farci !!!!